Bref.
Elle regarde le vase sur sa table et elle sourit. Il est affreux. C’est pas grave. De toute façon elle n’aime pas le bleu, et le vase est bleu. Elle n’aime pas les vases non plus. Ça prend la poussière. Mais celui-là lui plaît quand même. Elle mange un morceau de bifteack. Il est trop cuit. C’est pas terrible. Elle tente la purée. Insipide. Elle repense au restaurant d’hier midi. Ça avait quand même plus de gueule. Elle met du sel. Ça aidera peut-être un peu. Juste pour voir, elle essaye de dire « sel ». ça ne marche pas. Elle ne dit rien.
Elle revoit Marion et Lucie, les deux cousines. Les deux chipies. Pendant tout le repas, hier, elles se sont asticotées avec entrain. Marion a dit :
- C’est quoi, encore, cette nouvelle coiffure ?
Et Lucie a répondu :
- Quand on s’habille aussi mal que toi, on ne fait pas de commentaire.
Tout le monde a rit. C’était bon de les avoir près d’elle pour fêter son 78ème anniversaire. Elle a joué à la vieille dame indigne en compagnie de ses petites filles. Elle adore ça. Elle regarde le vase moche sur sa table. C’est un cadeau de Lucie.
- C’est quoi, encore, cette nouvelle coiffure ?
Et Lucie a répondu :
- Quand on s’habille aussi mal que toi, on ne fait pas de commentaire.
Tout le monde a rit. C’était bon de les avoir près d’elle pour fêter son 78ème anniversaire. Elle a joué à la vieille dame indigne en compagnie de ses petites filles. Elle adore ça. Elle regarde le vase moche sur sa table. C’est un cadeau de Lucie.
Elle remange un peu de purée. Trop mauvais. Elle arrête. Elle a mal à la tête. Elle a envie de voir son jardin. De nourrir son chat. Cet après-midi elle doit jouer à la belote avec Jacques, André, et Isabelle.
Une dame en bleu entre. Elle a un gros nez. Et puis une en rose. Elle a un joli sourire. Ça doit avoir une signification, les couleurs. Leur uniforme n’est pas très seyant. Ça fait un peu sac poubelle. Elle pense que Lucie trouverait à y redire.
Les dames parlent entre elles. Elle voit leur bouche qui bouge, elle entend des sons. Elle ne comprend pas bien. Elle a envie de dire « vous avez un gros nez » à la dame en bleu. Elle ne le dit pas. On ne sait jamais si les gens ont de l’humour ou pas. Elle a mal à la tête. Elle n’a plus faim.
Elle veut demander ce qu’elle fait là. Elle dit :
- Je
Et le reste de sa phrase ne sort pas. Son esprit est très clair. Sa phrase est toute prête. Mais elle ne peut pas la dire. La dame en rose s’approche. Elle dit vous êtes à l’hôpital. Merci, elle avait compris. Elle dit aussi :
- Il y a un vaisseau qui s’est bouché dans votre cerveau. C’est votre petite fille qui vous a amenée.
Elle pense que c’est pour ça qu’elle a mal au crâne. La dame en rose dit encore :
- Vous avez du mal à parler parce que votre cerveau a été abîmé par ce vaisseau bouché.
Elle veut demander ce qu’elle fait là. Elle dit :
- Je
Et le reste de sa phrase ne sort pas. Son esprit est très clair. Sa phrase est toute prête. Mais elle ne peut pas la dire. La dame en rose s’approche. Elle dit vous êtes à l’hôpital. Merci, elle avait compris. Elle dit aussi :
- Il y a un vaisseau qui s’est bouché dans votre cerveau. C’est votre petite fille qui vous a amenée.
Elle pense que c’est pour ça qu’elle a mal au crâne. La dame en rose dit encore :
- Vous avez du mal à parler parce que votre cerveau a été abîmé par ce vaisseau bouché.
Elle pense que c’est vraiment pas de chance, parler est un de ses loisirs préférés. Sa facture de téléphone peut en témoigner.
Bref.
Elle a besoin d’un orthophoniste.
Bref.
Elle a besoin d’un orthophoniste.
Décret numéro 2002 721 du 2 mai 2002 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession d'orthophoniste:
Art3: L'orthophoniste est habilité à accomplir les actes suivants: la rééducation des fonctions du langage oral ou écrit liées à des lésions cérébrales localisées (aphasie, alexie, agnosie, agraphie, acalculie)
Art3: L'orthophoniste est habilité à accomplir les actes suivants: la rééducation des fonctions du langage oral ou écrit liées à des lésions cérébrales localisées (aphasie, alexie, agnosie, agraphie, acalculie)