Bref.
Elle s’active dans la cuisine. Elle papillonne, elle virevolte, elle mélange les épices et les herbes aromatiques. C’est son petit plaisir, la cuisine. Elle modifie les recettes, elle marie les saveurs, elle improvise. Généralement c’est plutôt réussi.
Son portable vibre. Elle ne répond pas. Elle va allumer la radio. Elle remue un peu la sauce. Ça sent bon. Elle pense à Elisa. A cette heure-ci, elle est en cours de maths. Enfin elle croit. Elle ne connait pas l’emploi du temps de sa fille par cœur. Elisa est assez grande pour le gérer toute seule. En seconde, d’ailleurs, c’est heureux !
Elle rajoute du curry. Elle goûte. C’est mieux. Elle laisse mijoter un peu. Elle va regarder ses mails. Trois du boulot, elle soupire et ne les ouvre pas. Ça lui manque, le boulot. Pas d’autre message. Ça lui manque aussi. C’est fou comme on se sent vite seul au monde quand on est en arrêt de travail.
Elle émince quelques carottes. Ça ira bien avec le reste de sa préparation. Un genre de poulet à l’indienne. Ça plaira à Elisa. Elle aime bien leur vie à deux. Complicité et tendresse. Elisa a raisonnablement bien vécu le divorce.
Elle baisse un peu le feu. Encore une fois, elle doit se faire violence pour ne pas chantonner.
D’habitude, elle chantonne tout le temps. Sous la douche, dans sa voiture, en travaillant. Et, donc, en cuisinant. Surtout en cuisinant, d’ailleurs. Mais le médecin a été formel. Repos vocal absolu.
Elle reçoit un SMS. Florence lui propose de déjeuner en ville demain. Elle répondra non. Elle adorerait, Florence et elle c’est rigolade assurée. Mais le médecin a dit : repos vocal.
Elle retire la casserole du feu. Elle goûte. Rajoute un peu de sel.
C’est sa thyroïde. Ça fait longtemps qu’elle a des soucis. L’endocrinologue a fini par dire qu’il fallait l’opérer. Tout le monde l’a rassurée. Ce n’est rien. Une affaire qui roule. Elle est partie à l’hôpital le cœur léger. Même pas inquiète. Pas son genre.
Elle s’est réveillée. Elle avait mal. Les infirmières ne disaient rien de particulier. Elle pensait à Elisa. A improviser un nouveau dessert au gingembre. Elisa adore le gingembre. Elle avait mal. Plus tard le médecin est passé. Il a dit quelque chose, à propos d’un nerf et des cordes vocales, elle n’a pas bien compris. Elle avait mal. Il est repassé encore plus tard. Il a réexpliqué, il y a un nerf qui passe au milieu de la thyroïde. Il sert à faire vibrer les cordes vocales. Il a été abîmé dans l’opération. Elle n’avait plus mal, ils lui avaient donné un médicament.
Elle est rentrée chez elle. Elle ne sait pas exactement si elle re-chantonnera un jour en mijotant ses improvisations culinaires. Ni la voix qu’elle aura si elle y parvient. Elle se dit que ça n’est pas si grave, c’est toujours mieux que le cancer du sein de Florence.
Mais elle aimerait bien re-chantonner. C’est plus gai, la vie, en chantonnant.
Bref.
Elle a besoin d’un orthophoniste.
Elle rajoute du curry. Elle goûte. C’est mieux. Elle laisse mijoter un peu. Elle va regarder ses mails. Trois du boulot, elle soupire et ne les ouvre pas. Ça lui manque, le boulot. Pas d’autre message. Ça lui manque aussi. C’est fou comme on se sent vite seul au monde quand on est en arrêt de travail.
Elle émince quelques carottes. Ça ira bien avec le reste de sa préparation. Un genre de poulet à l’indienne. Ça plaira à Elisa. Elle aime bien leur vie à deux. Complicité et tendresse. Elisa a raisonnablement bien vécu le divorce.
Elle baisse un peu le feu. Encore une fois, elle doit se faire violence pour ne pas chantonner.
D’habitude, elle chantonne tout le temps. Sous la douche, dans sa voiture, en travaillant. Et, donc, en cuisinant. Surtout en cuisinant, d’ailleurs. Mais le médecin a été formel. Repos vocal absolu.
Elle reçoit un SMS. Florence lui propose de déjeuner en ville demain. Elle répondra non. Elle adorerait, Florence et elle c’est rigolade assurée. Mais le médecin a dit : repos vocal.
Elle retire la casserole du feu. Elle goûte. Rajoute un peu de sel.
C’est sa thyroïde. Ça fait longtemps qu’elle a des soucis. L’endocrinologue a fini par dire qu’il fallait l’opérer. Tout le monde l’a rassurée. Ce n’est rien. Une affaire qui roule. Elle est partie à l’hôpital le cœur léger. Même pas inquiète. Pas son genre.
Elle s’est réveillée. Elle avait mal. Les infirmières ne disaient rien de particulier. Elle pensait à Elisa. A improviser un nouveau dessert au gingembre. Elisa adore le gingembre. Elle avait mal. Plus tard le médecin est passé. Il a dit quelque chose, à propos d’un nerf et des cordes vocales, elle n’a pas bien compris. Elle avait mal. Il est repassé encore plus tard. Il a réexpliqué, il y a un nerf qui passe au milieu de la thyroïde. Il sert à faire vibrer les cordes vocales. Il a été abîmé dans l’opération. Elle n’avait plus mal, ils lui avaient donné un médicament.
Elle est rentrée chez elle. Elle ne sait pas exactement si elle re-chantonnera un jour en mijotant ses improvisations culinaires. Ni la voix qu’elle aura si elle y parvient. Elle se dit que ça n’est pas si grave, c’est toujours mieux que le cancer du sein de Florence.
Mais elle aimerait bien re-chantonner. C’est plus gai, la vie, en chantonnant.
Bref.
Elle a besoin d’un orthophoniste.
Décret numéro 2002 721 du 2 mai 2002 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession d'orthophoniste
Art. 3. L'orthophoniste est habilité à accomplir les actes suivants: la rééducation des troubles de
la voix d'origine organique ou fonctionnelle
la voix d'origine organique ou fonctionnelle