Bref.
Il se regarde dans la glace. Il passe en revue mentalement sa journée à venir. Merde ! Il avait oublié. Ce soir il voit l’instit de son fils. Le truc parfait pour pourrir son mardi. Oh, joie !
Il connait le discours par cœur. C’est à chaque rendez-vous la même chose. L’instit dit :
- Il n’est pas concentré.
Et lui il pense :
- Comme on dit chez Nestlé !
Mais en vrai il répond :
- C’est embêtant.
Avec l’air pénétré. Parfois il se dit qu’il devrait VRAIMENT répondre une vanne à deux balles. Ça désamorcerait peut-être la litanie.
- Il manque de maturité.
- Le graphisme est encore très mauvais malgré les trois séances de soutien.
- Il n’a jamais les bonnes affaires
- Il ne peut absolument pas faire un jeu collectif en sport
- Il ne sait pas compter.
- Les acquisitions en langage écrit sont laborieuses.
Les griefs se superposent les uns aux autres dans son esprit. Il finit par ne plus comprendre. Bouillie dans ses oreilles. Puis par ne plus écouter.
Tout ça est sans aucun doute vrai. Il n’est pas idiot, ni aveugle. Et il connait Thibaut. Il le voit bien, à la maison, au parc, l’été dans le jardin de la maison de vacances. Il sait bien qu’il est pataud comme pas permis. Maladroit au possible. Qu’il a des repères plus que fragiles. Qu’il fait souvent les choses en dépit du bon sens. Que sa tête a l’air aussi capharnaüm que sa chambre, ce qui n’est pas peu dire. Que beaucoup de leurs amis le trouvent bébé.
Il a cessé de vouloir lui apprendre à faire du vélo. Trop la quatrième dimension.
Il se secoue. Il va finir par être en retard. C’est pas le tout de songer. Il a aussi un boulot. Le tableau électrique de Mme Laurent ne va pas se refaire tout seul.
Il descend. Sa femme et les enfants sont en train de partir. Il fait des bisous, et se dirige vers la cuisine. Au programme : petit-dej express. Il n’est pas en avance.
Il sait que l’instit dit vrai. Ce qu’il ne comprend pas, c’est l’intérêt de répéter ça en boucle tous les quinze jours. Thibaut est comme il est. L’école est là pour l’aider, non ? Il n’est qu’en CP. Il a du temps devant lui.
Il a souvent l’impression de devoir se sentir coupable. Merci bien. Y’a pas moyen.
Il sait, aussi, que sa fille aînée a grandi sans goûter à ce bazar. Il se doute bien que ce n’est pas un passage obligé. Ils en parlent souvent avec sa femme. Ils ne savent pas vraiment quoi faire. Parfois ils se fâchent. Il faut peut-être simplement être plus exigeant avec Thibaut. Ou peut-être pas. Difficile de le comprendre, ce loulou, en fait.
Bref.
Ils ont besoin d’un orthophoniste.
- Comme on dit chez Nestlé !
Mais en vrai il répond :
- C’est embêtant.
Avec l’air pénétré. Parfois il se dit qu’il devrait VRAIMENT répondre une vanne à deux balles. Ça désamorcerait peut-être la litanie.
- Il manque de maturité.
- Le graphisme est encore très mauvais malgré les trois séances de soutien.
- Il n’a jamais les bonnes affaires
- Il ne peut absolument pas faire un jeu collectif en sport
- Il ne sait pas compter.
- Les acquisitions en langage écrit sont laborieuses.
Les griefs se superposent les uns aux autres dans son esprit. Il finit par ne plus comprendre. Bouillie dans ses oreilles. Puis par ne plus écouter.
Tout ça est sans aucun doute vrai. Il n’est pas idiot, ni aveugle. Et il connait Thibaut. Il le voit bien, à la maison, au parc, l’été dans le jardin de la maison de vacances. Il sait bien qu’il est pataud comme pas permis. Maladroit au possible. Qu’il a des repères plus que fragiles. Qu’il fait souvent les choses en dépit du bon sens. Que sa tête a l’air aussi capharnaüm que sa chambre, ce qui n’est pas peu dire. Que beaucoup de leurs amis le trouvent bébé.
Il a cessé de vouloir lui apprendre à faire du vélo. Trop la quatrième dimension.
Il se secoue. Il va finir par être en retard. C’est pas le tout de songer. Il a aussi un boulot. Le tableau électrique de Mme Laurent ne va pas se refaire tout seul.
Il descend. Sa femme et les enfants sont en train de partir. Il fait des bisous, et se dirige vers la cuisine. Au programme : petit-dej express. Il n’est pas en avance.
Il sait que l’instit dit vrai. Ce qu’il ne comprend pas, c’est l’intérêt de répéter ça en boucle tous les quinze jours. Thibaut est comme il est. L’école est là pour l’aider, non ? Il n’est qu’en CP. Il a du temps devant lui.
Il a souvent l’impression de devoir se sentir coupable. Merci bien. Y’a pas moyen.
Il sait, aussi, que sa fille aînée a grandi sans goûter à ce bazar. Il se doute bien que ce n’est pas un passage obligé. Ils en parlent souvent avec sa femme. Ils ne savent pas vraiment quoi faire. Parfois ils se fâchent. Il faut peut-être simplement être plus exigeant avec Thibaut. Ou peut-être pas. Difficile de le comprendre, ce loulou, en fait.
Bref.
Ils ont besoin d’un orthophoniste.
Décret numéro 2002 721 du 2 mai 2002 relatif aux actes professionnels et à
l'exercice de la profession d'orthophoniste.
Art. 3. L'orthophoniste est habilité à accomplir les actes suivants: la rééducation des troubles du langage écrit (dyslexie, dysorthographie, dysgraphie) et des dyscalculies.
Art. 3. L'orthophoniste est habilité à accomplir les actes suivants: la rééducation des troubles du langage écrit (dyslexie, dysorthographie, dysgraphie) et des dyscalculies.