Bref.
C’est du chinois.
Un train ralentit un peu avant d’arriver dans une baignoire qui
cueille des pommes. Cherche combien va lui rendre la vendeuse. La maîtresse de
Ronan donne des pochettes de crayons aux enfants pour l’anniversaire des singes
du zoo. A-t-elle assez de billes ? Elle ne connait pas de Ronan. Calcule
combien d’œufs il faudra pour fabriquer 10 pantalons. Combien peut-on faire de
colliers avec l’âge du capitaine, sachant qu’il faut un litre de jus d’orange
par marche d’escalier ? Elle préfère le jus de pommes. Et les ascenseurs.
Elle a quatre problèmes à faire pour demain. Problème, c’est le mot.
C’en est un sacré, pour elle.
Elle n’y comprend rien. Quand la maîtresse annonce
« mathématiques », elle sent un truc bizarre dans son ventre. La
semaine dernière elle a eu très mal à la tête. Le directeur a appelé papa. Ils
ont regardé la télé ensemble l’après-midi. Et puis joué aux legos. C’était
bien. C’est rare que papa ait le temps. Jouer toute seule c’est nul. Souvent
elle s’ennuie. Papa il a des idées super chouettes.
Elle se lève. Elle n’aime pas ses devoirs, ce soir. Elle préfère quand
il faut apprendre une poésie. Elle va chercher son doudou. Tant pis si ça fait
bébé.
Les chiffres, c’est compliqué. Elle compte mal. Elle ne retient pas
les mots. Vingt, trente, quarante. Plouf, zblim, tac. Ça serait pareil. Elle
est perdue. Elle ne sait pas calculer. On lui a montré sur ses doigts. Elle
essaye. Parfois ça marche. Parfois non. Elle ne sait pas pourquoi.
Elle travaille beaucoup avec maman. Maman arrive à rester calme. La
plupart du temps. Elle voit bien quand même que ça l’agace. Quand elles ont
préparé un devoir pendant plus d’une heure et qu’elle le rate quand même. Quand
maman a expliqué un exercice et que le lendemain, elle n’y arrive plus. Quand
elle sait très bien sa leçon mais qu’elle ne peut pas répondre aux questions de
la maîtresse. Quand elle fait un plus au lieu d’un moins. Ou qu’elle fait des
trucs à l’envers. L’autre jour maman a crié. « On ne peut pas faire 32
moins 54, enfin, Clarisse ! ». Elle ne sait pas pourquoi. Elle a baissé
la tête. Elle avait envie de pleurer.
Elle est souvent perdue. Et quand elle est perdue, souvent, on la
gronde. Au début elle pensait qu’on l’aiderait. Maintenant elle sait que non.
Pas tout le temps. Des fois on l’aide, des fois on la gronde. Elle ne sait pas
prévoir quand. Alors elle n’ose plus trop demander.
Elle a envie d’aller jouer dehors. Elle n’a pas le droit. Elle n’a pas
fini ses devoirs. Maman rentre tard, ce soir. C’est rare. Elle voudrait lui
faire la surprise des devoirs. Avoir tout fait bien toute seule.
Elle sait qu’elle n’y arrivera pas.
Elle pense au groupe théâtre. C’est super, le groupe théâtre. Mr
Luchon est gentil. Et puis il est rigolo. Avec lui, rien n’est grave. Il n’y a
pas de choses compliquées à comprendre. Et rien à calculer.
Maman dit qu’elle n’est pas logique. Elle, elle croit surtout qu’elle
est bête.
Bref.
Elle a besoin d’un orthophoniste.
Décret numéro 2002 721 du 2 mai 2002 relatif aux actes
professionnels et à l'exercice de la profession d'orthophoniste.
Art. 3. L'orthophoniste est habilité à accomplir les actes suivants: la rééducation des troubles du langage écrit (dyslexie, dysorthographie, dysgraphie) et des dyscalculies.
Art. 3. L'orthophoniste est habilité à accomplir les actes suivants: la rééducation des troubles du langage écrit (dyslexie, dysorthographie, dysgraphie) et des dyscalculies.