Il y a maintenant plus d'un an naissait ce blog, dans un contexte de revendications pour les orthophonistes. Après des mois de mobilisation, la nouvelle tant espérée est tombée ce matin: la formation initiale des orthophonistes sera reconnue au grade master à partir de la rentrée 2013. Ce que nous espérions prend donc forme. Le texte officiel est désormais disponible.
Ce blog ne sera plus mis à jour, il n'a plus de raisons de l'être. Mais c'est une fin heureuse! Merci à tous ceux qui ont soutenu les orthophonistes, à tous ceux qui se sont mobilisés. Le jeu en valait la chandelle. cette année restera une année haute en couleurs et en rencontres.
Je rappelle que le livre "Bref, ils ont besoin d'un orthophoniste", est toujours dispo auprès des Editions Quadrature. Et que pour ceux que ça intéresserait, ma vie d'auteur continue à se dérouler sous vos yeux ébahis son petit bonhomme de chemin sur mon blog d'auteur.
Et puisqu'il fallait bien conclure dignement cette aventure, voici le dernier "Bref".
***
Bref.
Ils
étaient en colère. Déterminés. Motivés. Joyeux, aussi, par moment, de toute
cette solidarité entre eux, de cette cohésion. Ils ignoraient, sans doute, que
c’était possible. Que tout le monde soutienne tout le monde, et réciproquement,
ça existe, un truc pareil ? Malgré les malgré ? Unis pour faire
avancer leur profession ?
C’est
sans doute pour ça que ça a marché, l’union. Parce que c’était pour leur
profession, au sens large., pas pour untel ou unetelle. Et il n’est plus à
démontrer qu’ils l’aiment, leur boulot.
Bref.
Ils
ont refusé les propositions du ministre d’alors. Et ils se sont unis. Pour
lutter, informer, expliquer. Ne rien lâcher. Rester droits dans leurs bottes,
dans les clous de ce qui était manifestement juste. Ne pas demander plus, trop,
n’importe quoi. Mais ne pas accepter moins.
Ils
ont investi les réseaux sociaux, la poste, les rues. Ils ont fait connaissance
avec des collègues éloignés, ils ont laissé les liens se tisser. Ils se sont
nourris de cette richesse. Ils ont échangé, parfois vivement. Ils n’ont pas été
d’accord sur tout, loin s’en faut. Mais ils n’ont pas laissé les différences de
point de vue les diviser. Ils n’ont jamais perdu de vue le but ultime. Ils sont
passés par des phases de mobilisation intensive, par des phases d’attente où il
ne se passait rien. Par des moments où ils y croyaient dur comme fer, portés
par l’enthousiasme collectif, et des moments où ils se disaient qu’ils n’y
arriveraient jamais. Ils ont changé de ministres. Ils sont partis en vacances. Ou pas.
Ils
ont vécu, pendant plus d’un an, avec « ça » dans leur vie. Entre le
quotidien, ses joies et ses peines ; le boulot, ses émerveillements et ses
lourdeurs : il y avait toujours « ça », jamais bien loin. Ce
qui-vive. Cette attente. Cet espoir.
Voir
la formation initiale, celle qui mène à leur boulot, reconnue au grade master.
Offrir aux générations futures d’orthophonistes une formation initiale
remaniée, plus complète, plus exigeante.
En phase avec la réalité du terrain et sa complexité.
Offrir
aux patients des soins de qualité, nourris d’avancées scientifiques et
d’humanité.
Ils
ont douté, beaucoup, bien sûr. Pas de leur détermination. Mais de l’issue de
tout ça. Au jeu des arbitrages politiques, on n’est jamais sûr de rien. Ils
étaient bien placés pour le savoir, eux qui avaient vu un ex-ministre leur
faire des propositions dont ils ne voulaient pas. Ils ont douté, mais ils n’ont
pas baissé les bras.
Et
puis.
Et
puis ils ont couru un dernier sprint. Dix jours de remobilisation en urgence,
dix jours de coeur qui bat, encore plus fort. D’adrénaline. De réseaux sociaux
et de rue, à nouveau.
Et
ce matin, une lettre officielle, une reconnaissance au grade master, la fin
heureuse de ce long parcours.
Alors
aujourd’hui, ils rient. Ils pleurent. Ils sablent le champagne. Ils se pincent
pour y croire. Ils envoient des SMS à leurs collègues-qui-ne-savent-pas-encore.
Ils félicitent les négociateurs officiels et les « sans-grade » qui
se sont donné la main. Ils se réjouissent, déjà, de ces futures promotions de
« master en orthophonie » qui arriveront bientôt pour prendre place
dans le tissage thérapeutique du pays. Qui l’enrichiront.
Ils
rêvent depuis longtemps d’un avenir de qualité pour les professionnels et leurs
patients. Ils savent maintenant que le rêve va devenir réalité.
Ils
sont heureux. Pas revanchards. Juste heureux.
Bref,
Les
orthos ont obtenu le grade master.
Bref,
Ils
sont heureux et fiers.