Bienvenue sur ce blog!

Ce blog est né du désir de mieux faire connaître la profession d'orthophoniste. Merci de votre passage !

samedi 26 janvier 2013

Ceci sera le dernier message!

Bonjour à tous.

Il y a maintenant plus d'un an naissait ce blog, dans un contexte de revendications pour les orthophonistes. Après des mois de mobilisation, la nouvelle tant espérée est tombée ce matin: la formation initiale des orthophonistes sera reconnue au grade master à partir de la rentrée 2013. Ce que nous espérions prend donc forme. Le texte officiel est désormais disponible.

Ce blog ne sera plus mis à jour, il n'a plus de raisons de l'être. Mais c'est une fin heureuse! Merci à tous ceux qui ont soutenu les orthophonistes, à tous ceux qui se sont mobilisés. Le jeu en valait la chandelle. cette année restera une année haute en couleurs et en rencontres. 

Je rappelle que le livre "Bref, ils ont besoin d'un orthophoniste", est toujours dispo auprès des Editions Quadrature. Et que pour ceux que ça intéresserait, ma vie d'auteur continue à se dérouler sous vos yeux ébahis son petit bonhomme de chemin sur mon blog d'auteur

Et puisqu'il fallait bien conclure dignement cette aventure, voici le dernier "Bref". 


***

Bref.

Ils étaient en colère. Déterminés. Motivés. Joyeux, aussi, par moment, de toute cette solidarité entre eux, de cette cohésion. Ils ignoraient, sans doute, que c’était possible. Que tout le monde soutienne tout le monde, et réciproquement, ça existe, un truc pareil ? Malgré les malgré ? Unis pour faire avancer leur profession ?

C’est sans doute pour ça que ça a marché, l’union. Parce que c’était pour leur profession, au sens large., pas pour untel ou unetelle. Et il n’est plus à démontrer qu’ils l’aiment, leur boulot.

Bref.
Ils ont refusé les propositions du ministre d’alors. Et ils se sont unis. Pour lutter, informer, expliquer. Ne rien lâcher. Rester droits dans leurs bottes, dans les clous de ce qui était manifestement juste. Ne pas demander plus, trop, n’importe quoi. Mais ne pas accepter moins.

Ils ont investi les réseaux sociaux, la poste, les rues. Ils ont fait connaissance avec des collègues éloignés, ils ont laissé les liens se tisser. Ils se sont nourris de cette richesse. Ils ont échangé, parfois vivement. Ils n’ont pas été d’accord sur tout, loin s’en faut. Mais ils n’ont pas laissé les différences de point de vue les diviser. Ils n’ont jamais perdu de vue le but ultime. Ils sont passés par des phases de mobilisation intensive, par des phases d’attente où il ne se passait rien. Par des moments où ils y croyaient dur comme fer, portés par l’enthousiasme collectif, et des moments où ils se disaient qu’ils n’y arriveraient jamais. Ils ont changé de ministres.  Ils sont partis en vacances. Ou pas.

Ils ont vécu, pendant plus d’un an, avec « ça » dans leur vie. Entre le quotidien, ses joies et ses peines ; le boulot, ses émerveillements et ses lourdeurs : il y avait toujours « ça », jamais bien loin. Ce qui-vive. Cette attente. Cet espoir.

Voir la formation initiale, celle qui mène à leur boulot, reconnue au grade master. Offrir aux générations futures d’orthophonistes une formation initiale remaniée, plus complète, plus exigeante.  En phase avec la réalité du terrain et sa complexité.

Offrir aux patients des soins de qualité, nourris d’avancées scientifiques et d’humanité.

Ils ont douté, beaucoup, bien sûr. Pas de leur détermination. Mais de l’issue de tout ça. Au jeu des arbitrages politiques, on n’est jamais sûr de rien. Ils étaient bien placés pour le savoir, eux qui avaient vu un ex-ministre leur faire des propositions dont ils ne voulaient pas. Ils ont douté, mais ils n’ont pas baissé les bras.

Et puis.
Et puis ils ont couru un dernier sprint. Dix jours de remobilisation en urgence, dix jours de coeur qui bat, encore plus fort. D’adrénaline. De réseaux sociaux et de rue, à nouveau.

Et ce matin, une lettre officielle, une reconnaissance au grade master, la fin heureuse de ce long parcours.

Alors aujourd’hui, ils rient. Ils pleurent. Ils sablent le champagne. Ils se pincent pour y croire. Ils envoient des SMS à leurs collègues-qui-ne-savent-pas-encore. Ils félicitent les négociateurs officiels et les « sans-grade » qui se sont donné la main. Ils se réjouissent, déjà, de ces futures promotions de « master en orthophonie » qui arriveront bientôt pour prendre place dans le tissage thérapeutique du pays. Qui l’enrichiront.

Ils rêvent depuis longtemps d’un avenir de qualité pour les professionnels et leurs patients. Ils savent maintenant que le rêve va devenir réalité.

Ils sont heureux. Pas revanchards. Juste heureux.

Bref,
Les orthos ont obtenu le grade master.

Bref,
Ils sont heureux et fiers. 

samedi 8 décembre 2012

Bientôt Noël

Bon. Ceux qui me connaissent savent que je ne vais pas pouvoir longtemps mener de front la mise à jour régulière de deux blogs. Déjà que un, j'ai du mal (je suis du genre infidèle et irrégulière), alors deux, ah ah ah, laissez-moi rire. Même pas en rêve tu vas tenir la distance, mon petit!
 
("Mon petit", c'est moi. J'aime bien me donner des surnoms ridicules, une fois de temps en temps, pour tester mon degré de réactivité).
 
Alors après avoir longuement réfléchi à la question (au moins deux minutes trente), je me suis dit que ça serait aussi bien de laisser ce blog-ci en l'état. ça rendra plus facilement accessible les textes présents en ligne pour ceux qui veulent les consulter. Et ça évitera qu'ils soient rapidement perdus dans les limbes des archives.
 
Pour ceux qui souhaitent suivre la suite de l'actualité de "Bref, ils ont besoin d'un orthophoniste", le livre (car une adaptation cinéma avec Georges Clooney n'est pas encore au programme -Mais que fait Hollywood?-), vous pouvez consulter mon blog d'auteur, là:
 
 
Dans le cas présent, vous y trouverez les premières critiques sur le livre, ainsi que les horaires de dédicaces sur le salon "escales hivernales" à Lille. Et au fil du temps, les autres nouvelles qui viendront, quand elles viendront (Cette dernière phrase est d'une platitude navrante, je vais aller me refaire un café, il semblerait que ça soit nécessaire).
 
N'oubliez pas que le livre fait un parfait cadeau de Noël (je dis ça je dis rien)!!!

samedi 10 novembre 2012

Et voilà...!

Voilà. C’est fait. Le livre est sorti de l’imprimerie. Je ne l’ai pas encore entre les mains, mais mon éditeur, si. C’est pas juste. Il m'a dit qu'il était beau. Je le crois.
 
Après une folle année d’engouement sur internet et de créativité imprévue, j’ai donc l’immense plaisir, et la grande émotion, de vous présenter très officiellement (pour l’officieux, c’est fait et re-fait !) :
 
« Bref, ils ont besoin d’un orthophoniste ! »
 
Mon troisième recueil de nouvelles. Qui parle d’orthophonie (s’il avait parlé de la pêche à pieds, on l’aurait appelé « Bref, il faisait froid et j’étais mouillée ! », car on a un certain degré de réflexion, nous z’aut, faut pas croire). Mais pas que.
 
Et pour l’occasion, et parce que je n’en reviens toujours pas de toute cette aventure, je suis allée fouiller dans les archives Facebookiennes. Le premier texte de ce qui est aujourd’hui ce livre a été publié en ligne le 6 décembre 2011, dans une joyeuse improvisation un tantinet foutraque. En même pas un an, les textes se sont enchaînés, reliés, et le tout est devenu un livre… J’en suis la première épatée.
Merci à tous ceux qui ont cru. Je vous laisse désormais le découvrir, en espérant ne pas vous décevoir.
 
 
 
 
 
 
 
Petit détails pratiques :
Le livre sera disponible auprès de tout libraire indépendant dynamique et sympa à partir du 20 novembre. 
 
Il l’est également, dès maintenant, en commande directe auprès de l’éditeur (efficacité et rapidité garantie, je vous le promets). Il suffit pour cela d’envoyer un email à quadraturelib@gmail.com en précisant le titre du livre, le nombre d’exemplaires désirés, et l’adresse à laquelle vous expédier le tout. Vous recevrez votre colis, accompagné d’une facture (n’oubliez pas de la régler, après, hein !). Les frais de ports sont offerts.
Pour les amateurs de numérique et les possesseurs de liseuses, le livre sera disponible dans une quinzaine de jours en format e-pub, par exemple via immateriel, ou feedbooks.
Enfin, ça n’engage que moi, mais je vous déconseille plutôt les mastodontes de vente en ligne ou en magasin (je vous laisse le soin de les identifier)… Vous risquez d’attendre longtemps, de vous entendre dire que l’éditeur est en tort/lent/inefficace/chauve/parti aux champignons/vert à pois roses/amateur de tartes aux fraises/, ce qui est faux (à part pour la tarte aux fraises, j’en sais rien). Les dits mastodontes ont juste une organisation qui ne fonctionne pas très rapidement avec des éditeurs qui ne sont pas dans leurs réseaux "habituels".
 
Deuxième détail pratique. Je serai présente en salon, mon livre sous le bras et le sourire au bec :
-          Le samedi 24 novembre 2012, à Ozoir-la ferrière.
-          Le samedi 15 et le dimanche 16 décembre aux escales hivernales de Lille.
 
Si vous passez par là, viendez me voir. C’est triste, un salon littéraire sans personne qui vient vous voir ! Mais je vous en reparlerai.
 
Il me reste à vous souhaiter une bonne lecture. Et ce ne sont pas des mots en l’air.
 

dimanche 7 octobre 2012

Elle a écrit


Bref.
Elle a écrit. Comme ça, pour changer les idées de tout le monde, un soir où tout le monde ruminait. Il y a des soirs comme ça. Expliquer. Son boulot. Ses journées. Ce que c’est que l’orthophonie.

Elle a écrit.
L’idée n’était pas d’elle. Elle lui a plu. Elle s’en est saisie, sans trop réfléchir. Elle se disait qu’elle saurait sans doute faire ça. Des petites vignettes, courtes. Emouvantes ou rigolotes. Un peu instructives, aussi, quand même.

Elle a écrit.

D’autres ont lu.
Ça a l’air d’avoir plu. On lui en a demandé d’autres. Elle a reçu des messages, jolis. Des témoignages. Des remerciements. Des enthousiasmes. Des « on en veut d’autres ! ».

Alors elle a continué d’écrire.

Ça a duré quelques semaines. Assez rock’n’roll. Survoltées. Ecrire trois phrases, appeler la maman de X, écrire 2 phrases, faire cuire les pâtes, écrire 5 phrases, ne pas faire la compta (Ah ah ah, bien fait pour elle). Parfois ça coulait tout seul, sur le chemin en allant voir Mme Y. Il n’y avait plus qu’à attraper le clavier plus tard en rentrant. Parfois il fallait un peu plus chercher les mots.

Chaque jour, ou presque. Le rendez-vous était pris. Un texte, sur les réseaux sociaux. Ensuite ils circulaient. Elle ne sait pas jusqu’où, ni par quels chemins. Ça lui va.

 
On lui a suggéré d’en faire un livre. Elle n’était pas convaincue. Tout un livre ? Peur que ça lasse. Qu’on ne le lise pas jusqu’au bout. Qu’il ne serve à rien. Et puis une idée. Qui s’est déclinée, affinée. Insérer d’autres textes dans le livre. Le construire comme une véritable histoire, pas comme une somme scientifique.

 
Alors elle a écrit, encore. A conçu et relié un manuscrit. L’a envoyé, a attendu. Le comité de lecture a aimé. Elle a signé un contrat d’édition. Elle a attendu encore. Elle a corrigé, avec l’éditeur. Elle attend à nouveau. La graphiste travaille, il faudra bientôt relire les épreuves. Puis ça sera l’impression et… Elle trépigne d’impatience.

 
Bref,
Le livre sortira le 15 novembre.

 

jeudi 28 juin 2012

Bientôt les vacances... Un petit point!

Cela fait maintenant plusieurs mois que ce blog n'a pas reçu de nouveau post... Pourtant il continue à être régulièrement (et plutôt beaucoup) consulté, on continue à m'en parler, à me solliciter sur le sujet. Etonnante aventure que celle de ces textes, dont le premier a été improvisé un soir pour détendre l'atmosphère sur un groupe facebook, et qui tournent désormais dans des "sphères" dont je n'ai même pas connaissance.

Tout cela est finalement très joyeux, et donc je me réjouis (logique)!

Merci à tous ceux qui les font circuler et qui contribuent à ce que l'orthophonie soit un peu mieux connue.

Le projet de réforme des études est actuellement au point mort. Les travaux de réingénierie des études ont repris. Nous attendons la suite, vigilants.

Il est maintenant temps d'annoncer ici qu'il existera bientôt une version "livre" de ces textes. Au 15 novembre 2012 sortira en effet un recueil contenant ces textes, et bien d'autres, dans une "configuration" retravaillée avec l'éditeur, les éditions Quadrature.

Je disais quoi, juste avant? Que tout ça est très joyeux? Et ben je confirme!

mercredi 29 février 2012

Elle n'aime pas ça


Bref.
Elle n’aime pas ça. Pas ça du tout. Ça lui rappelle des souvenirs. Pas très bons. Elle est inquiète.


Son petit bonhomme bute pas mal sur les mots, en ce moment. Il hésite, ça ne sort pas, il s’y reprend. Le mot lui fait peur, mais il bégaye. Incontestablement.


Hier elle a demandé à son mari :

-          Tu as remarqué que Thomas bégaye ?

Il a répondu :

-          Tu ne crois pas que tu en rajoutes un peu ? Il cherche ses mots, parfois, oui. Mais pas tout le temps. Et puis il les trouve. Je n’ai pas l’impression que ça soit grave.


Il est ressorti dans le jardin. Les plans de tomates à repiquer. Il n’avait pas encore fini, il paraît. Elle a repris son montage de meuble. Une bibliothèque pour le salon. Elle s’est mordu la lèvre. Son mari a dit ça calmement, sans sous-entendu. Il n’a pas haussé les épaules, genre « qu’est-ce que tu inventes encore, espèce de maman poule ». Non. Il a entendu la question. Réfléchi cinq secondes. Et répondu posément. Donc il n’est vraiment pas inquiet.


Elle se demande pourquoi la planche A est plus courte que la planche B. Elle n’y comprend rien, à cette notice.


Elle en a parlé au pédiatre, la semaine dernière. Il a dit :

-          A quatre ans et demi, c’est un passage possible. Ne vous tracassez pas.


Et puis il est passé à autre chose. Elle n’a pas osé dire que si, justement, elle se tracassait. Pas mal. Beaucoup. Enormément. C’est qu’elle a un frère bègue. Il est grand maintenant. Il a plutôt bien surmonté ce handicap. Il a un chouette boulot. Une belle petite famille. Mais ce fut un long chemin. Très long. Psychothérapie et orthophonie. Longtemps. Elle ne se rappelle plus à quel moment ça avait commencé. Elle n’ose pas l’appeler. Ils ne sont plus très proches.


Elle se dit qu’il y a peut-être un risque familial. Sa fille n’a pas fait ça. Elle est plus grande maintenant. Mais Thomas est un garçon. Comme son frère. Hasard ? Elle n’en sait rien. Elle a la trouille, simplement.


Sa copine Alexandra n’arrête pas de lui répéter :

-          Tom a fait pareil au même âge. Ça lui est passé tout seul. Ne t’en fais pas autant !


Elle était à deux doigts de se laisser convaincre. Tom est un garçon, Il a buté sur les mots étant petit, il n’est pas bègue. CQFD ? Mais Alexandra a rajouté :

-          Tu vas finir par le rendre vraiment bègue, à te faire des nœuds au cerveau !


Merci les copines. Dans le genre commentaire qui tue, ça se pose là. Elle sait bien que c’était pour tenter de faire de l’humour. Dédramatiser. C’est juste totalement raté.

Elle laisse tomber le montage de la bibliothèque. Plus tard. Pas l’esprit à ça.


Plus le temps passe, et plus elle se dit qu’elle aurait besoin de l’avis d’un spécialiste. Pour être rassurée, si l’avis est rassurant. Pour être fixée, s’il ne l’est pas. Pour être entendue, et éventuellement guidée, en tout cas.


Bref.
Elle a besoin d’un orthophoniste.




Décret numéro 2002 721 du 2 mai 2002 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession d'orthophoniste:

Art3: L'orthophoniste est habilité à accomplir les actes suivants: la rééducation des troubles de l'articulation, de la parole ou du langage oral (dysphasies. bégaiements)

vendredi 3 février 2012

Un message particulier

Ce message est un peu particulier, puisque le texte qui suit a été écrit par mon papa. Alors mon papa, petite présentation rapide. Ingénieur informatique/électronique. Ex-cadre sup à la retraite. Engagé dans 345 associations (environ), élu local, j'oublie quoi? Et victime, en mars 2010, de deux AVC en dix jours de temps. Premier ischémique (= un vaisseau bouché). Second hémorragique, qui laissera derrière lui un énorme hématome dans le cerveau.

J'étais chez mes parents quand il est sorti de l'hôpital: il ne pouvait quasiment pas finir une seule phrase, quand encore il parvenait à en commencer. Grosse aphasie versant production, et versant compréhension loin d'être indemne. Lecture plus que délicate. Production écrite impossible. Depuis 2 ans, il fait donc des séances d'orthophonie. Et il a sacrément récupéré.

Il suit ce blog, et ça lui a donné des idées. Sans le dire à personne, il a écrit son "bref" à lui. Reçu hier matin dans ma boîte mail. Je le propose en lecture ici, avec son accord, bien entendu (il a été tellement désarmé de ce qui lui arrivait, et qu'il ne comprenait pas, qu'apporter sa pierre à l'édifice qui fait connaître l'aphasie, ça lui va!). Et brut de fonderie, bien entendu aussi. De même que c'est avec son accord que je vous ai fait cette brève présentation, pour mieux situer le texte. 


C'est donc ce coup-ci un texte vécu "de l'intérieur"!


Et clin d'oeil à Charlotte, son orthophoniste!

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Bref…
Après quelques temps, je cherche à lire le livre que j’avais commencé il y a quelques semaines : impossible. Que des mots illisibles et n’ayant aucun sens !

Je tente de retourner devant mon ordinateur pour continuer le programme que j’avais commencé avant d’aller quelques semaines à l’hôpital. Mais là encore, ce que je tentais de faire était devenu impossible. Ce que j’avais écrit était devenu quelque chose comme du cyrillique, moi qui ne connait pas le russe.

J’en parle avec ma famille : mes phrases sont illogiques, où les mots que je dis sont différents que ceux que j’écoute en les prononçant.

Je tente d’envoyer un email à l’occasion de mon retour à la maison, vers quelques amis : donner des nouvelles à tous ceux qui ont demandé comment j’allais. J’avais envie de leur dire que, maintenant, j’allais mieux ! Mais les phrases que j’écrivais étaient désordonnés, difficile pour les amis de comprendre mon explication.

Bref.
Je reviens à la maison, après trois semaines d’hôpital, je suis « aphasique » dit-on !
Je ne sais pas ce que cela signifie, mais ce que je sais, c’est que tout est devenu difficile, que ma femme et mes enfants m’aident, et tendent de me comprendre.

Bref.
Ma petite tête est devenue sournoise, me suggère de dire quelque chose qui n’a pas de sens, des mots qui se cachent, et que je ne retrouve pas, des notes de musique ne sachant plus quels sont les dièses et les bémols…

Bref.
Maintenant, ça fait deux ans. Avec l’aide de toutes et tous, j’ai réappris, comme si j’étais un gamin qui ne sait pas ni lire, ni écrire…L’ordinateur, la musique….ça revient très lentement. La mémoire, c’est mieux, mais il y a encore du travail !


 Finalement, l’Orthophoniste était mon guide, avec son accueil, sa patience, sa compréhension.
Bref, j’ai toujours besoin d’une (où un) orthophoniste.


Benoit Pingault